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ABSTRACTS

Amar Ammouden, Université Abderrahmane Mira de Béjaia, Algérie, Laboratoire LAILEMM

 

Le contexte de production et le contexte interculturel pour l’accès au sens des expressions idiomatiques

 

Nous avons montré dans cette réflexion, et à travers une enquête menée auprès des étudiants de licence et de master en langue et littérature françaises, la difficulté qu’ils rencontrent pour accéder au sens des séquences figées. Cette difficulté découle d’abord du caractère conventionnel et métaphorique de ces expressions, mais aussi et surtout de la méconnaissance de leur contexte de production. De ce fait, l’analyse d’un corpus constitué de plus de 500 expressions idiomatiques, nous a permis de les classifier en fonction de leur contexte d’apparition. La connaissance de ce contexte de production des séquences figées aidera considérablement à lever le mystère sur un certain nombre d’entre elles. D’autre part, nous allons souligner l’apport du contexte interculturel dans l’accès au sens de ces séquences figées. Le développement de la compétence interculturelle dans le cadre de l’enseignement d’une langue étrangère se concrétise par un perpétuel va-et-vient entre la culture de l’apprenant et la culture cible. Rappelons que la prise en compte de cette compétence interculturelle constitue l’une des recommandations majeures du CECR. En effet, le passage de l’approche communicative à la perspective actionnelle dans l’enseignement des langues étrangères implique un passage de « l’agir sur l’autre par la langue » d’un « touriste de passage », à l’action sociale, « c’est-à-dire un agir avec l’autre » dans le cadre du travail ou des études universitaires (Puren, 2006 : 37). Dans la première situation, l’étranger est en contact avec l’autre dans des circonstances bien particulières et souvent limitées dans le temps (demander son chemin, acheter un billet de train, etc.). Par contre, dans la deuxième situation, cet étranger est en contact permanent avec l’autre. De ce fait, il doit acquérir cette compétence interculturelle qui lui permettra d’éviter les situations de rejet mutuel, les préjugés et les conflits.

 

Mots-clés : Séquences figées – difficultés de compréhension – contexte de production – contexte interculturel – CECRL

 

 

M'Hand Ammouden, Université de Bejaia, Algérie, directeur du laboratoire LAILEMM

 

Les séquences figées dans la publicité : de la description à la didactisation

 

Les publicités font partie des genres dont les scripteurs recourent assez fréquemment aux séquences figées pour les nombreux avantages qui peuvent découler de celles-ci : attirer l’attention, susciter la curiosité, favoriser la rétention, etc. Or, on constate que le sens des expressions figées est fréquemment « opaque ou non compositionnel » (Gross, 1996), parce qu’il n’est pas « déductible du sens de leurs constituants » (Mejri, 1998). Si cela est suffisant pour « freiner » l’accès au sens, le fait que les publicitaires font subir diverses transformations (démembrement, délexicalisation, défigement, etc.) aux séquences figées (Ammouden, 2016 ; Diaz, 2012 ; Gross, 1996 ; Klett, 2013) ne peut que rendre leur compréhension plus difficile.  Par ailleurs, il est très clair que ces contraintes soient amplifiées dans les contextes de langues étrangères ou secondes, vu que « la manipulation créative des formules peut déstabiliser les locuteurs, surtout, s’ils sont étrangers » (Klett, 2013), surtout si la distance qui sépare la culture locale de celle à laquelle se référerait l’expression figée est importante. Si tout cela fait que l’enseignement des séquences figées est nécessaires, le moins qu’on puisse dire est que la tâche n’est pas des plus aisées et interpelle les didacticiens.

Notre étude s’inscrit essentiellement dans le cadre de la sociodidactique. Elle vise, premièrement, à mettre en évidence différentes manières par lesquelles les séquences figées sont utilisées dans un corpus constitué essentiellement de publicités françaises ; deuxièmement, à s’interroger sur les difficultés de compréhension qui peuvent découler notamment de la décontextualisation et modification des séquences figées ; et enfin, à énumérer un certain nombre de propositions susceptibles de permettre un enseignement efficace des séquences figées dans un contexte de français langue seconde.

 

Mots-clés : séquence figée – expression idiomatique – semi-figement – défigement –didactisation – accès au sens – interculturel. 

 

 

Alvaro Arroyo Ortega et Yaiza Hernández Muñoz, Université Complutense de Madrid, Espagne

 

Les constructions françaises fondamentales : à la recherche de critères en FLE

 

Les années 50 signifièrent une période d’innovation en matière d’enseignement du FLE. Le contexte social de l’époque, avec une politique qui favorisait la diffusion du français à l’étranger, forgea une nouvelle perspective d’enseignement grâce à l’apparition d’un nouveau référent : le Français fondamental. Ce projet mené sous la direction de Sauvageot, Michéa, Gougenheim et Rivenc eut un caractère très innovateur à l’époque pour plusieurs raisons. D’une part, la langue était conçue comme un objet de communication et le Français fondamental se basait ainsi sur l’aspect oral de la langue ; d’autre part, il constituait un niveau de base dont l’acquisition se ferait rapidement grâce à leur méthode fondée sur un système d’enquêtes de fréquence et de disponibilité (Le Français fondamental, 1964). Malgré les critiques virulentes, comme celles de Marcel Cohen (cf. J.C. Chevalier, 2006), le Français fondamental aura une incidence dans la création du Niveau seuil et aussi sur diverses études comme celle menée par P. Le Goffic et N. Combe McBride dans leur ouvrage Les constructions fondamentales du français (1976). Il s’agit d’un inventaire des constructions possibles des verbes du Français fondamental. Notre objectif, par contre, sera de définir les « constructions françaises fondamentales » dans un cadre beaucoup plus large et, bien sûr, dans le domaine du FLE, et ceci à partir d’un inventaire fondamentalement oral, ou écrit oralisé, extrait des médias et des réseaux sociaux. Mais, pour éviter de nous appuyer sur l’intuition linguistique, nous nous proposons de définir des critères syntaxiques, sémantiques, prosodiques et pragmatiques ; tous relevant d’un certain degré de figement. Voici les premiers critères que nous avons retenus, dans un premier temps : les contraintes syntagmatiques, les formes défectives, la productivité syntaxique, la fréquence en fonction du domaine d’application, la complétude prosodique, la complétude pragmatique, les structures proverbiales ou les slogans publicitaires.

 

Mots-clés : français fondamental, constructions françaises, FLE, critères de figement ou pseudo-figement, langue orale

 

 

Samir Bajrić, Université de Bourgogne

 

Phrases-tiroirs : uniques figements discursifs

 

La problématique abordée ressortit aux domaines syntaxique et sémantique. Elle exploite, dans sa majeure partie, les systèmes grammaticaux de plusieurs langues indo-européennes (français, anglais, allemand, croate, serbe). La notion même d’immuabilité de la syntaxe renvoie aux concepts synonymiques suivants : énonciation syntaxiquement schématisée, syntaxe schématisée, phrase immuable, etc. Je m’emploierai à circonscrire ledit problème en essayant de domicilier son aspect phénoménologique dans la notion d’ « intuition énonciative », puis j’analyserai son impact à la fois sur les lois de l’énonciation et sur les unités linguistiques (parties de langue). L’objectif à atteindre se confond avec la conviction que le « physisme de représentation » (au sens guillaumien) dissimule des entités apparemment inclassables et non identifiables en termes de dicibilité traditionnelle. Ces entités sont des phrases, mais leur destin syntaxique s’apparente à celui des mots dans la mesure où elles représentent, à l’instar des mots, des unités compactes et immuables. Qu’appelle-t-on donc « immuabilité de la syntaxe » ?

Je m’appuie sur le postulat suivant : on considérera la syntaxe d’une langue comme étant immuable ou schématisée si et seulement si elle rend possible (ou plutôt si elle a rendu possible dans le passé, car il s’agit là d’acquis syntaxiques) la production d’un certain nombre de phrases-tiroirs, phrases dans lesquelles le nombre des constituants immédiats employés sur la visée discursive reste constamment le même, ainsi que l’ordre de leur apparition. Ces phrases-tiroirs ont pour mission, entre autres, de faciliter un certain type de communication. Leur emploi est d’ordre circonstanciel et elles sont plus fréquentes dans la langue parlée (niveaux de langue moyen et familier) que dans la langue écrite. Leur caractère immuable leur permet d’échapper à l’ensemble des mécanismes psycholinguistiques qui déclenchent l’énonciation et qui caractérisent les phrases dites libres. Les phrases-tiroirs ne sont ni personnelles ni personnalisées au point de vue syntaxique. Elles constituent une sorte d’héritage non enregistré, mais reconnu et revendiqué par la communauté linguistique tout entière. À la différence des mots, elles relèvent du discours, du non institué (Guillaume).

 

Mots-clés : phrases-tiroirs, immuabilité, figement, syntaxe schématisée, énonciation, langue, discours

 

 

 

 

Elena Berthemet, Université de Bretagne Occidentale, laboratoire HCTI

 

Acquisition des séquences figées en français langue étrangère : le rôle des manuels

 

Le propos de la présente contribution sera de réfléchir sur les problèmes que posent les séquences figées dans l’apprentissage du français langue étrangère. Son objectif est de montrer pourquoi les étrangers les évitent lorsqu’ils parlent. Notre hypothèse de départ est que les manuels sont en partie responsables de ce phénomène. Après avoir fait un tour d’horizon des recherches menées dans l’enseignement des séquences figées, le cadre théorique de la présente étude sera déterminé. Notre recherche porte sur deux types de séquences figées : (1) les collocations dont le sens est compositionnel, comme réserver un vol et prendre un café et un croissant ; (2) les expressions idiomatiques dont le sens n’est pas déductible à partir de ses composantes, comme faire profil bas et un poisson d’avril. Dans un premier temps, les éléments indispensables à la compréhension ainsi qu’à l’utilisation des expressions idiomatiques seront présentés. Dans un second temps, nous nous appuierons sur l’exemple d’une méthode récente de FLE pour public adulte en privilégiant le niveau débutant afin de montrer quelles informations y sont traitées et quelle place y est accordée à l’enseignement des séquences figées. Nous terminerons la présentation par une réflexion sur les pistes pouvant améliorer l’enseignement des séquences figées en faisant quelques propositions concrètes dans le domaine de la compréhension et de la production de ce lexique particulier.

 

Mots-clés : collocation, compréhension, expression idiomatique, production

 

 

Yanjing Bi, Université de Bourgogne Franche-Comté

 

La complexité sémantique des expressions quadrisyllabiques idiomatiques chinoises

 

Dans les études portant sur le figement, l’aspect sémantique des séquences figées est toujours considéré comme le plus difficile à circonscrire. Quant au chinois, il existe un ensemble particulier, qui est le porte-parole incontestable de la complexité sémantique des expressions figées chinoises : les chengyus. Constitués pour la plupart par quatre caractères (c’est donc le terme les expressions quadrisyllabiques idiomatiques), les chengyus sont employés en chinois moderne comme une unité simple, figée. Formés de façon diachronique et synchronique, ils possèdent un sens littéral, un sens originel et un sens figuré qui se sont effectivement chevauchés. Dans le présent travail, nous tentons d’analyser et d’élucider la nature complexe et multidimensionnelle de la structure sémantique des expressions quadrisyllabiques idiomatiques chinoises. L’article est fondé sur un corpus de 1 454 expressions quadrisyllabiques idiomatiques extraites d’un roman de MO Yan, Beaux seins, belles fesses, prix Nobel de littérature 2012.

 

Mots-clés : discours touristique, créativité lexicale, syntagmes polylexicales, figement, variation, registre.

 

Marie-Françoise Bourvon, Université Rennes 2, Lidile 3874

 

Les collocations à l'oral en français général :

ce qu'en dit un corpus d'interlangue de locuteurs francophones non natifs

 

Pour Mel’čuk (2003 : 6) les collocations constituent une part très importante de ces « syntagmes non libres » d’une langue dont l’un des constituants « est choisi librement pour son sens », et l’autre « sélectionné en fonction du premier ». Elles correspondent (Hausman et Blumenthal, 2006 : 4) à la « combinaison phraséologique (codée en langue) d’une base » et « d’un collocatif ». Ces différents auteurs mais aussi et entre autres Williams (2001), Tutin (2007), signalent le caractère arbitraire des collocations et la difficulté qui en résulte en didactique des langues. En FLE, le repérage et l’emploi en contexte des collocations font partie des objectifs d’enseignement-apprentissage aux niveaux avancés et en langue de spécialité (par exemple Cavalla, 2008), mais sont quasiment absents des programmes aux niveaux A et B. Alors, quel usage des apprenants de niveau B2 ou C1 font-ils des collocations, en français général et à l’oral ? Et que dit cet usage des compétences linguistiques acquises et de celles qui sont encore à acquérir ? L’analyse d’un corpus oral d’interlangue (31 lectures d’un même texte et 40 entretiens de 20 à 30mn, la L1 des locuteurs étant l’arabe, l’anglais, l’espagnol ou le chinois), apporte des éléments de réponse. Les lectures du corpus donnent des indices, en situation de décodage, sur le repérage effectif des collocations. Sera donc analysée la façon dont sont mises en voix certaines cooccurrences du texte : celle de « thé » avec « nature, citron et au lait », celle de « tête » avec « bonne ». Les entretiens donnent à observer, en situation d’encodage, la mise en discours des collocations. Ici c’est l’emploi des constructions verbales à « verbe support » qui sera analysé et en particulier les choix effectués par les locuteurs entre « verbe support » (par exemple Gross, 1988) et « verbe ordinaire » (ex : faire des études vs étudier).

 

Mots-clés : collocations, FLE, corpus oral, interlangue, repérage, production

 

 

Pierre-André Buvet, laboratoire LDI Sorbonne Paris Cité Université Paris 13

 

Collocation et modélisation

 

L’objectif de l’étude que nous présenterons est double. Dans un premier temps, nous montrerons comment les collocations participent de la modalisation, c’est-à-dire en quoi ils contribuent à inscrire le point de vue du locuteur dans ce qu’il énonce. Dans un deuxième temps, nous montrerons que le figement, en tant que procédé linguistique permettant l’expression du point de vue du locuteur, joue un rôle fondamental pour établir que la modalisation se situe à l’interface de la langue et du discours. Pour ce faire, nous nous appuierons principalement sur l’analyse des noms d’affect. Nous nous intéresserons plus particulièrement à leur combinatoire avec des verbes supports. Les constructions qui en résultent sont des collocations révélatrices du rôle du figement dans la modalisation. Par exemple, dans Il éprouve de la rage, Il est saisi par la rage, Il tremble de rage et Il est vert de rage, on observe que la diversité combinatoire du substantif permet d’introduire, d’une façon plus ou moins marquée, le modalisateur correspondant à l’intensité forte. Eléments bibliographiques BLUMENTHAL P. et F. J. HAUSMAN 2006 « Présentation : collocations, corpus, dictionnaires », Langue française 150, Larousse, pp. 3-13. BUVET P.-A. et Alii 2005, "Les prédicats d'<affect>". LIDIL 32, Presses Universitaires de Grenoble, pp. 125-143. GROSS M.1981, « Les bases empiriques de la notion de prédicat sémantique », Langages 63, Larousse, pp. 7-52. MEL’CUK I. 2003, « Collocations dans le dictionnaire », in SZENDE Thomas (éd.) Les écarts culturels dans les Dictionnaires bilingues, Champion pp. 19-64. MEJRI S. 2008a, « Constructions à verbes supports, collocations et locutions verbales » in Las construcciones verbo-nominales libres y fijas. Aproximación contrastiva y traductológica, Universidad de Alicante, pp. p 191 202.

 

Mots-clés : prédicat, verbe support, affect, modalisateur, figement, intensité

 

 

Àngels Catena et Sandrine Fuentes, Université autonome de Barcelone, Espagne

 

Locutions verbales dans un dictionnaire bilingue français-espagnol :

étiquettes sémantiques et équivalents de traduction

 

Notre communication vise à conjuguer la recherche menée dans le cadre du projet Labelsem (Hiérarchie d’Étiquettes sémantiques espagnol-français pour les genres prochains des définitions lexicographiques) au sein du Laboratoire Fonètica, Lexicologia i Semàntica (fLexSem) de l’Universitat Autònoma de Barcelona et nos pratiques enseignantes en FLE à des universitaires. Nous nous sommes penchées en particulier sur les problèmes soulevés lors du réemploi de certaines locutions (verbales) par des apprenants de français. Outre les difficultés rencontrées dans la structure morphosyntaxique de ces expressions, nous avons constaté que très souvent les erreurs sont liées à des aspects sémantiques qui n’ont pas été pris en compte par nos étudiants. L’analyse des erreurs nous a amenées à comparer les informations données dans plusieurs dictionnaires bilingues français-espagnol grand-public (on line) ainsi que différentes descriptions lexicographiques des équivalents de traduction proposés afin d’étudier les étiquettes sémantiques qui correspondraient à la composante centrale de ces définitions. Les descriptions basées sur la synonymie (dans la mesure où les équivalents de traduction seraient des synonymes interlinguistiques) entraînent des glissements sémantiques qui pourraient être les déclencheurs des emplois inappropriés.

 

Mots-clés : étiquettes sémantiques ; structure actancielle ; phrasèmes ; équivalents de traduction

 

 

Lorenzo Devilla, Université de Sassari, Italie

 

La phraséologie dans la publicité

 

Par phraséologie on entend des « expressions toutes faites », qui sont cataloguées comme telles et dont la plupart font image. Ces syntagmes polylexicaux et autres phrasèmes sont propres à une langue. Au reste, on parle aussi d’ « expressions idiomatiques » (Ladmiral 2015). Ces expressions « figées » (Gross 1996) offrent matière à jeu de mots, à travers diverses manipulations qui les « défigent ». Ce phénomène de déstructuration est très présent dans la langue des médias, dont la publicité, qui va nous occuper dans cette communication, où nous allons analyser un corpus de publicités françaises. Dans un premier temps, nous allons donc voir de quelle manière la publicité puise dans la phraséologie. Dans un second temps, nous verrons comment elle se sert aussi du détournement de certaines expressions afin d’obtenir des effets particuliers chez le lecteur, consommateur potentiel. Le slogan publicitaire doit en effet le séduire et le convaincre d’une façon éclatante et impertinente. Il doit surtout capter vigoureusement son attention avant de s’imprimer au moins partiellement dans la mémoire de ce lecteur pressé (Grunig 2000). L’approche adoptée ici sera discursive (Maingueneau, Charaudeau 2002) : il s’agira en effet d’examiner la productivité discursive des expressions phraséologiques dans un discours spécialisé comme le discours publicitaire.

 

Mots-clés : phraséologie, figement, défigement, publicité, discours

 

 

Ekaterine Gachechiladze, Université d’Etat Akaki Tsérétéli de Koutaïssi, Géorgie

 

L’étude contrastive de la fonction sémantique des unités phraséologiques contenant

les couleurs en français et en géorgien

 

L’objectif de cette étude est de soumettre à l’analyse des unités phraséologiques contenant les différentes couleurs en français et de les comparer avec des structures encodant le même sens dans la langue géorgienne. Le présent travail consiste à faire une étude contrastive de la fonction sémantique des unités phraséologiques contenant les couleurs dans les langues française et géorgienne en tentant de trouver les caractéristiques de chaque langue. L’approche se veut être descriptive et systématique. L’ébauche contrastive consiste à opposer des systèmes linguistiques différents afin de repérer les ressemblances et les différences entre ces langues. L’analyse contrastive essaie plutôt d’objectiver les différences pour les utiliser et les mettre en pratique dans les milieux d’éducation, plutôt pour enseigner la seconde langue.

 

Le concept de couleur fait partie de nombreux idiomes et expressions figées dans ces deux langues et son étude reste toujours actuel. En nous basant sur l’analyse sémantique du système des termes de couleur dans la langue française nous tenterons de rendre compte de la spécificité de ces unités phraséologiques, en comparaison avec ses équivalents dans la langue géorgienne. L’analyse sémantique des unités phraséologiques démontre que la réalité extralinguistique, le niveau de civilisation, les aspects socioculturels étant souvent les mêmes ou très semblables, tels phraséologismes auraient pu être créés dans différentes communautés linguistiques.

 

Donc, malgré les ressemblances dans la perception linguistique des couleurs par les français et les géorgiens, ces deux langues se distinguent par les champs sémantiques de l’utilisation de telle ou telle couleur ce qui explique les difficultés auxquelles se heurte un Géorgien en apprenant le FLE. La comparaison des unités phraséologiques françaises avec des structures véhiculant le même sens en géorgien nous a permis de mettre en évidence certaines spécificités de ces deux langues.

 

Mots-clés : unité phraséologique, couleur, socioculturel, sémantique, idiome.

 

 

Fabrice Gilles, Université Grenoble Alpes

 

Enseigner la langue de spécialité par ses séquences figées :

un projet de didactisation du FLE dans le domaine de la santé

 

Notre approche didactique consiste à utiliser l'anglais L2 comme langue pont (Forlot, 2009 ; Grzega, 2005) vers des L3 romanes : sur la base d'analogies interlinguistiques, la découverte du FLE à distance se fait au moyen d'énoncés contenant des séquences plus ou moins figées empruntées à la langue de spécialité du public cible, de (futurs) professionnels de la santé préparant un séjour d'étude dans un pays francophone. Des énoncés authentiques comprenant des séquences figées transparentes avec l'anglais sont extraits automatiquement par un script ad hoc dans des corpus multi-parallèles (Kraif, 2015) : EMEA (Tiedemann, 2009) et Europarl (Koehn, 2005). Des tâches plurilingues d'appropriation de traits morphosyntaxiques du français sont construites, dans lesquelles un même énoncé est présenté en français et dans une ou plusieurs autres langues romanes, en fonction de la similarité de l'anglais avec ces langues.

 

Mots-clés : FLE ; anglais ; langue pont ; langue de spécialité ; dispositif plurilingue

 

 

Jan Goes, Université d'Artois

 

Les adjectifs primaires et le figement

 

Lorsqu’on analyse de près le fonctionnement des adjectifs primaires (grand, petit, bon, rouge) au sein du syntagme nominal, on constate qu’ils sont non prédicatifs, et parfois non gradables dans un grand nombre de cas, notamment lorsqu’ils expriment la quantification (un grand café, un bon kilo), la qualification/quantification (un grand propriétaire (possède beaucoup de propriétés)), l’intensité (un gros chagrin), l’affection (petit con !), le repérage temporel (un ancien château). Dans certains cas, l’ajout de l’adverbe très conduit à un changement de sens (un ancien château ≠ un très ancien château), ainsi que le déplacement (un grand homme ≠ un homme grand). S’agit-il pour autant de séquences figées ? Marengo (2011 : 94) estime que cette réponse est facile : « quand un adjectif refuse la fonction attribut et qu’il ne s’apparente pas à un relationnel, le blocage est automatiquement imputé au figement ». Pour lui, il s’agit de types d’adjectifs différents (adjectifs du troisième type), à distinguer à la fois des relationnels et des qualificatifs. La réponse est plus nuancée si l’on considère qu’il s’agit d’emplois différents du même adjectif : ce dernier se trouve alors littéralement « figé » à sa place et répond partiellement aux critères de Gross (1988) : la non-prédicativité, le refus d’un adverbe. Or, les exemples de Gross ne concernent que des cas de dénomination (terrain vague, chambre froide). Contrairement aux dénominations, où le figement est imputable à des phénomènes extralinguistiques, les blocages mentionnés ci-dessus s’expliquent par des opérations sémantiques internes au syntagme nominal. Se pose donc la question de savoir si ces emplois non prédicatifs constituent des figements, et si oui, à quel degré (Mejri, 2005). Nous en tirerons également quelques conclusions par rapport à l’enseignement du FLE, où l’on discute beaucoup plus volontiers de la place variable de l’adjectif que de son figement, bien plus fréquent.

 

Mots clés : syntagme nominal, adjectif, degré de figement, dénomination, emplois d’adjectifs, types d’adjectifs, FLE.

 

 

Sophie Gondolle, Université de Bretagne Occidentale, Centre des Correspondances et des Journaux Intimes

La mémoire du conte

 

Le conte populaire de tradition orale se caractérise par une certaine malléabilité inhérente à son processus de transmission. Né de la mémoire collective, « les paroles des contes sont mouvantes, plurielles ». (Belmont, 1999) Le conte est un genre imparfait et non figé en ce sens où transmis par la voix du conteur, ce dernier se le réapproprie à sa manière, selon sa propre mémoire. Chaque version est plus ou moins fidèle à une trame narrative dont l’exhaustivité en soi n’existe pas non plus. Le conte type relève plutôt d’un espace narratif à l’intérieur duquel les conteurs ont une certaine liberté. En ce sens, il paraît paradoxal de proposer une réflexion à partir du conte de tradition orale dans le cadre d’une réflexion portant sur les séquences figées.

Nous proposons dès lors de dépasser ce paradoxe pour montrer comment le champ de l’oralité convoque justement un large panel de formules, formulettes, proverbes, chansonnettes qui jalonnent le conte et en constituent les amers, c’est-à-dire les points d’ancrage qui réalisent le conte comme un acte s’inscrivant dans une mémoire collective commune.

Acte de surcroît universel, car les contes partagent encore ce même mécanisme d’une culture à l’autre et la simple musicalité du phrasé des formules et autres formes figées de l’oralité aide à recevoir le conte, quelles que soient sa langue et sa culture d’origine voire même à le mémoriser.

En ce sens, le conte devient un matériau d’apprentissage formidable pour comprendre une langue, se l’approprier en s’imprégnant d’abord de sa musicalité. En tant qu’outil pédagogique, le partage du conte peut justement s’appuyer sur l’apprentissage de ces séquences figées qui transmises et répétées finissent par être mémorisées permettant aux apprenants de se familiariser avec la musicalité de la langue étrangère.

Si le conte s’appuie sur des récits universels communs, il se singularise dans sa réalisation orale, révélant alors les traits caractéristiques d’un folklore, d’une culture propres au conteur qui le transmet.

A partir d’un corpus de contes bretons, nous nous proposons de revenir sur quelques exemples emblématiques de l’oralité qui ravivent un folklore connu du locuteur confirmé et qui constituent un formidable matériau d’apprentissage pour des locuteurs non confirmés.

 

Mots-clés : contes, formules initiales, formules finales, techniques de l'art oral, performance orale, paroles rituelles, Sésame.

 

 

Mª Isabel González-Rey, Université de Saint-Jacques-de-Compostelle

 

Processus d'élaboration d'une méthode de phraséodidactique du FLE :

de la conception à l'expérimentation

 

L’élaboration d’une méthode de phraséodidactique du FLE, à partir des principes théoriques et pratiques de la phraséologie, tels qu’ils sont établis dans le cadre de la recherche scientifique, doit suivre une démarche bien définie et rigoureuse. Cela a été le cas de la méthode PHRASÉOTEXT – Le Français idiomatique, destinée à des apprenants de FLE et publiée en 2015 dans la version français-français par les Presses Universitaires de l’Université de Saint-Jacques-de-Compostelle, avec le concours du service audio-visuel SERVIMAV. Composée d’une anthologie de 18 textes littéraires francophones, d’un dictionnaire de 400 expressions françaises auxquelles on peut accéder par ordre alphabétique, par mot-clé, par concept ou par niveaux du CECR, et d’un ensemble de 6 séquences didactiques, une pour chaque niveau du CECR, du niveau A1 au niveau C2, cette méthode vise l’acquisition des expressions figées du français en contexte, permettant à l’apprenant d’acquérir à la fois des compétences phraséologiques réceptives et actives.

Le processus d’élaboration de cette méthode s’est déroulé sur une période de 5 ans, par une équipe de 7 phraséodidacticiens, issus de 6 universités européennes (Vilmos Bárdosi, de l’université de Budapest, Jean-Louis Dufays, de l’Université de Louvain-la-Neuve, Ascensión Sierra Soriano et Fernande Ruiz Quemoun, de l’Université d’Alicante, Mª Angeles Solano Rodríguez, de l’Université de Murcie, Claire Nicolas, de l'Université Complutense de Madrid, sous la coordination de  Mª Isabel González Rey, de l’Université de Saint-Jacques-de Compostelle). Ce processus a démarré sur une mise en place d’une conception commune concernant un modèle pédagogique sous-jacent fondé sur des principes théoriques de nature diverse :1) linguistiques (formels, sémantiques et pragmatiques); sociolinguistiques (registres de langue, variantes diatopiques, contextes, etc.); 3) socioculturels; 4) cognitifs (lexique mental et mémoire); 5) psycholinguistiques (interlangue, erreurs, etc.). L’application et la combinaison de ces fondements ont permis de développer des pistes pour la conception d’activités tenant compte à la fois des propriétés des expressions figées et du processus d’apprentissage de l’élève pour l’acquisition des compétences visées.

Cette méthode a été expérimentée, avant sa parution, à la fois sur des enseignants de FLE à l’Institut Français à Madrid et sur des apprenants de FLE au Cavilam de Vichy en mai 2014. Les résultats de cette expérimentation ont contribué à mettre en évidence une problématique qui relève surtout de la méconnaissance des deux tenants de l’enseignement-apprentissage des langues étrangères, enseignants et apprenants, à propos de ces éléments incontournables de la langue, méconnaissance qui demande à être rectifiée par l’apport d’outils pédagogiques tels que des méthodes de phraséodidactique conçues à partir des principes mêmes de la recherche scientifique en phraséologie.

 

Larisa Grčić Simeunović et Maja Lukežić Štorga, Université de Zadar, Croatie

 

Créativité lexicale du discours touristique

 

Dans cet article, nous décrivons la création des séquences figées et semi-figées en tant qu’un processus de créativité discursive (Guilbert 1975, Mejri 2005, Tutin, Grossmann 2002, Tutin 2010) qui enrichit la production des énoncés et assure le renouvellement du lexique. En nous appuyant sur le corpus des trois guides touristiques (Guide du Routard, Voyager pratique, Petit Futé), nous nous proposons de décrire le changement de la productivité lexicale selon les registres : discours ordinaire (le standard), discours technique (le registre scientifique) et le discours narratif (le registre littéraire). En mettant en rapport formes et sens nous dégageons l’hétérogénéité énonciative qui témoigne de la richesse du discours touristique et soulignons l’importance du préconstruit culturel et préconstruit situationnel (Moirand, 1992). En considérant le discours comme activité rapportée à un registre, nous supposons une démarche comparative qui va aboutir à la description des variabilités formelles, sémantiques, fonctionnelles et rhétoriques. Dans un premier temps des champs lexicaux ont été repérés d’après les indicateurs d’ordre extralinguistique qui illustrent les différents aspects du discours touristique, par ex. la cuisine, la restauration, l’architecture. Pour dégager des variations discursives intra-linguales, nous déterminons les concepts identiques à l’intérieur des champs lexicaux. Dans un deuxième temps des syntagmes, des tours syntaxiques et des procédés énonciatifs ont été découpés et groupés selon les trois registres. Finalement, nous avons exploré le corpus pour établir les correspondances parmi les expressions entre trois registres de discours. Une illustration de la variabilité selon les registres a été présentée dans un petit glossaire qui regroupe les unités comparables et qui sera destiné aux apprenants du FLE voire guides touristiques. Une collection de variations phraséologiques démontrera les tournures de phrases privilégiées et aidera ainsi les utilisateurs à sélectionner les termes appropriés à la situation de communication qui les concerne.

 

Mots-clés : discours touristique, créativité lexicale, syntagmes polylexicaux figement, variation, registre.

 

 

Nadji Khattab et Samir Lehlali, Université Mohamed Lamine Bebaghine, Sétif 2, Algérie

 

Figement et "défigement" dans la presse algérienne d'expression française

 

Le figement, domaine longtemps laissé en jachère, était considéré comme étant un phénomène sinon marginal, du moins ayant un statut de second ordre dans les études linguistiques modernes, quoique souvent évoqué dans les écrits de la littérature contemporaine, lesquels écrits foisonnent d’expressions figées servant à imprégner le texte littéraire d’une teinte esthétique tant recherchée par le producteur et fort appréciée par le récepteur. Il ne s’est, en effet, approprié une théorie à part entière que lorsque nombre de penseurs se sont rendu compte de l’ampleur et de l’intérêt indéniable que suscite ce phénomène qui « gangrenait » romans, nouvelles, poèmes et autres textes journalistiques. Ceci pourrait s’expliquer, d’une part, par la pluralité des angles de traitement sous lesquels les expressions figées peuvent être appréhendées, et d’autre part, l’impossibilité de construire des données lexicales et morphosyntaxiques exhaustives permettant un traitement efficace et fiable des expressions figées. Dans cette intervention, à l’occasion du colloque international « les séquences figées, des caractéristiques linguistiques à l’enseignement en FLE », et pour but de cerner autant que possible la notion de ‘’figement", nous sommes parti de la question suivante : quel rapport pourrait-il y avoir entre le figement en tant que phénomène linguistique compliqué et le fonctionnement de la langue sur ses trois plans primordiaux : lexical, sémantique et morphosyntaxique et ce en l’étudiant dans l’un des quotidiens de la presse algérienne écrite d’expression française ? Notons d’emblée que le concept « figement » n’est pas l’apanage des seules expressions verbales, mais il couvre également tous les autres phénomènes de composition (principe de compositionnalité) (nous revenons sur ce terme infra) comme les mots composés et les mots dérivés. Pour ce faire, deux hypothèses ont été émises : [a] sur le plan morphosyntaxique, la quasi-totalité des expressions figées répondrait à une structure linguistique bien particulière, particularité qui permet la distinction d’une expression figée d’avec une expression libre et [b] les expressions figées seraient, d’un point de vue sémantique, des unités lexicales voire lexico-sémantiques à fixité absolue et surtout étroitement liées au jeu de synonymie. Ce travail descriptif analytique a passé en revue les expressions figées rassemblées dans la rubrique « Tranche de Vie » du « Quotidien d’Oran » au cours de l’année 2010. La présente communication se limitera à une lecture analytique des séquences figées sous différents aspects linguistiques. Une telle lecture nous permettrait de décortiquer et de spécifier les constructions figées suivant des bases de classification bien précises. Nous allons démontrer à travers cet humble essai réflexif les critères linguistiques des expressions figées reprises sur le plan appellatif par d’autres termes tels que « séquence figée » (Mejri), « phrase figée » (Gross), « expression idiomatique » (Gréciano), « locution » (Fiala) ou même « séquence préfabriquée » (Forsberg). Ces auteurs, et en dépit de la variation des appellations avec lesquelles ils désignent l’expression figée, ont tous essayé d’en éclaircir les aspects linguistiques et proposer quelques définitions rénovatrices. Nous allons aussi essayer de mettre la lumière sur le figement qui, par souci de raffinement et d’embellissement stylistiques, fait couler beaucoup d’encre dans les écrits journalistiques algériens d’expression française. Dans son ouvrage « le figement : nouvelles tendances », Salah Mejri affirme que « le figement a une valeur heuristique certaine puisque son étude permet de reprendre des questions fondamentales de la linguistique générale comme l’arbitraire du singe, sa linéarité, la conceptualisation, la référence… » (MEJRI, 2003 : 2).

 

Mots-clés : Figement, défigement, séquence, syntaxe.

 

Evaine Le Calvé Ivičević, Faculté de Philosophie et Lettres de Zagreb et Barbara Vodanović, Université de Zadar, Croatie

 

Des vertes et des pas mûres : fruits et légumes dans les phrasèmes français et croates

 

Le présent article se propose d'aborder un élément pittoresque parmi les sujets de réflexion que nous offrent les expressions figées : les phrasèmes dont l'un des constituants est un nom de fruit ou de légume. Prenant pour point de départ le français, où ce type d'expressions est, on le sait, assez fertile, nous nous situerons sous une double perspective, linguistique et traductologique. Fondant notre propos sur un corpus d'une centaine de phrasèmes, nous en proposerons, dans un premier temps, une description linguistique et une classification par champs sémantiques. Suivant deux idées sur le signe linguistique qui sont que, 1° le signe nous est imposé par le code social qu’est la langue et est donc figé et que, 2° le signe utilisé consciemment pour communiquer quelque chose est un signe intentionnel, nous nous interrogerons sur la manière dont s'opère la désémantisation. Dans la suite, nous nous attacherons à chercher des équivalents en croate, langue dans laquelle les noms de fruits et de légumes sont comparativement fort peu exploités dans les phrasèmes. Nous proposerons diverses approches possibles dans le cadre de l'enseignement de la traduction aux étudiants croatophones, depuis la reformulation jusqu'à la recherche d'une correspondance, que celle-ci s'établisse grâce à un phrasème existant en croate ou bien qu'elle s'accompagne d'ajustements et de glissements, voire de créations. Explorant les possibles stratégies à mettre en œuvre, nous tenterons de déterminer dans quelle mesure les solutions proposées sont pertinentes et constituent des équivalents.

 

Mots-clés : traduction, phrasèmes, fruits, légumes, français-croate

 

 

Maja Lukežić Štorga, Université de Zadar, Croatie

 

Les expressions idiomatiques dans l'enseignement du FLE

 

Les expressions idiomatiques reflètent les modes de pensée et de vie d’un peuple. Un travail sur les expressions idiomatiques permet d’illustrer particulièrement bien les différences de perception et de représentation de la réalité des diverses cultures. Malgré ce fait et tout en sachant que la langue française est riche en expressions figées, elles n’occupent pas une place importante dans les méthodes de FLE. Pour arriver à une communication authentique et enseigner une langue naturelle et spontanée, il est nécessaire de travailler sur les expressions figées dans le processus d’acquisition de L2. Les expressions figées posent souvent des difficultés dans l’apprentissage de L2, néanmoins une bonne maîtrise de ces expressions est indispensable dans les compétences de communication et de compréhension. La présente contribution s’efforcera, tout en s’appuyant sur la pratique et les connaissances issues de cours, de répondre aux questions suivantes : À partir de quel âge et à quel niveau de compétence linguistique en L2 devrait-on leur accorder de l’importance ? Peuvent-elles faciliter l’acquisition de la grammaire de L2 ? Comment traduire le sens (la non traductibilité) ? Quels documents déclencheurs / supports utiliser et comment les créer ? Le rôle et la créativité de l'enseignant, sont-ils importants ? Pourquoi et comment les enseigner ? L’approche sémasiologique ou/ et l’approche onomasiologique ? Pour finir on va proposer quelques activités pour travailler sur les expressions en classe de FLE.

 

Mots-clés : expressions idiomatiques, sens, acquisition, communication, activités

 

 

Salah Mejri, Sorbonne Paris Cité Paris 13, CNRS, LDI, UMR 7187

 

Les pragmatèmes : approches théorique et appliquée

 

Il s’agit de préciser que les pragmatèmes sont des séquences figées d’un type spécial : ils relèvent de la troisième articulation du langage et véhiculent, à ce titre, un ensemble d’éléments de contenu qui ne doivent pas être confondus avec le sens. Ces éléments traduisent trois dimensions : l’idiomaticité de la séquence, sa dimension rituelle et, par conséquent, sa charge culturelle.


Des exemples empruntés à la littérature et à la traduction, mise au service de l’apprentissage du français en tant que langue étrangère, serviront d’illustration pour les  thèses avancées.

 

Mots-clés : pragmatème, troisième articulation, idiomaticité, traduction, figement.

 

 

Luis Meneses-Lerín, Université d'Artois, laboratoire Grammatica

 

La contrainte paradigmatique :

des constructions à verbe support aux des expressions verbales figées

 

Dans cette communication, nous montrerons que certaines unités polylexicales posent problème lorsqu’il s’agit de déterminer leur statut en tant qu’objet de recherche. C’est le cas des unités polylexicales du type verbal présentant la structure SN+V+SN et qui sont souvent considérées dans la littérature, soit comme des expressions verbales figées, soit comme des constructions à verbe support. Or, nous verrons que la « contrainte paradigmatique » au niveau du verbe, souvent considéré comme le noyau de la séquence, remet en question les critères généraux pour la reconnaissance des séquences figées. D’abord, nous présenterons les critères linguistiques qui nous permettent de distinguer les séquences verbales figées des constructions à verbe support. Ensuite, nous fournirons quelques exemples d’expressions verbales figées présentant un paradigme au niveau du verbe qui permet une substitution ou une variation au niveau du verbe employé, par exemple : donner/recevoir/avoir carte blanche, prendre/avoir/ froid. Puis, nous fournirons quelques constructions à verbe support du type prendre la fuite et faire le tour afin de montrer que le verbe dit « support » est d’une certaine manière « figé » car il ne présente aucun paradigme au niveau du verbe support employé : *saisir la fuite, *réaliser le tour, etc. Finalement, nous présenterons une analyse contrastive espagnol-français dans le but de montrer que l’enseignement d’expressions verbales figées ou de collocations du type verbe support + nom prédicatif à des apprenants hispanophones peut poser des problèmes si au préalable les propriétés linguistiques des objets étudiés ne sont pas clairement définies.  

 

Mots-clés : lexique, unités polylexicales, verbes support, sémantique, didactique du FLE.

 

 

Claire Nicolas, Université Complutense de Madrid, Espagne

 

Bally (1909), Negreanu (1979), Bárdosi (1983), Étude contrastive de trois méthodes fondamentales en didactique de la phraséologie en FLE

 

Dans cette communication, nous proposons une étude contrastive de trois méthodes de phraséologie du français destinées aux apprenants de FLE. Leurs auteurs, Bally (Traité de stylistique, volume II, 1909), Negreanu (Exercices sur les expressions idiomatiques françaises, 1979) et Bárdosi (Les locutions françaises en 150 exercices ,1983) sont les premiers à s’intéresser à l’enseignement-apprentissage des figés en français langue étrangère et représentent par là même des précurseurs en la matière. Ces trois phraséologues, de nationalités et d’époques différentes, ont publié des travaux qui constituent les fondements de la didactique de la phraséologie actuelle. La présente étude se propose donc de souligner leurs analogies, de mettre en lumière leurs axes méthodologiques, en d’autres termes, de revisiter leurs travaux afin de mieux comprendre la didactique de la phraséologie moderne.

 

Mots-clés : Phraséolologie, Didactique, Méthodologie, FLE, Etude contrastive

 

 

Eleonora Nikolaeva, MGIMO-Université (Institut des Relations Internationales de Moscou), Russie

Tonnerre de Br ...uxelles

 

Connaître les structures figées (dite SF) est indispensable. C’est incontestable (pour ne pas être chocolat (FB) / ‘être roulé’ (FF)). Mais savoir bien les utiliser est une tâche beaucoup plus difficile. La présente intervention traitera des belgicismes (unités qui comprennent des traits particuliers soit dans le vocabulaire, soit dans la syntaxe, dont l’emploi original ou inhabituel (le sens, le registre ou la fréquence d’emploi) oppose, à un moment donné, le français des francophones belges au français dit standard) marqués sur le plan stylistique. Notre base de données permet de révéler certains traits qui rendent une SF, employée sur le territoire belge, “familière, populaire et même vulgaire”. On analysera des exemples (on aura du poil aux dents ! (FB) / on sera énergique (FF)) qui représentent des calques du dialecte wallon (vieux racagnac, fam., péj. (FB) / vieux grincheux (FF)) ainsi que du flamand (une longue langue, mépris. (FB) / un bavard (FF)); qui ont des éléments empruntés en wallon (schieve lavabo, pop.,péj. (FB) / snob ridicule (FF)) ou en flamand (crimineil zat, très fam. (FB) / tout à fait saoûl (FF)). Force est de constater que la norme française rejette tout ce qui est trop vulgaire, tandis que le parler familier est loin d’être discret. Pour ce qui est du comportement linguistique des Belges – on emprunte et calque des SF pour “compléter” la liste des locutions ‘arg.’, ‘pop.’, ‘vulg.’ (péter à moule (FB) / s’échapper, foutre le camp). Cette première catégorie d’exemples est assez facile à se faire repérer. En revanche, il y en a une autre, qui est à savoir, à apprendre (vu qu’elle peut jouer un pied de cochon (FB) / jouer un tour de cochon (FF)): les SF qui ont les mêmes formes et sens dans les deux français (France (FF) / Belgique (FB)), mais les registres de langues différents : celles de métropole sont plutôt déconseillées (il vaut mieux ne pas montrer son cinéma (FB) / montrer ses parties sexuelles (FF)) tandis que celles de Belgique sont considérées comme plus atténuées (remettre le couvert (FF pop./ FB fam.) / recommencer). Sans doute, cet état des choses doit être, au moins, mis en valeur, pour qu’on ne soit pas paf (FB) (déstabilisé) d’avoir mal choisi une locution.

 

Mots-clés : structure figée, belgicisme, associations

 

 

Antonio Pamies, Université de Grenade, Espagne

 

Le langage figuré et son apprentissage : critères contrastifs et culturels

 

Le niveau phraséologique des langues, longtemps ignoré par la théorie linguistique, pose encore de nos jours le problème de son traitement dans l'enseignement des langues étrangères, surtout au fur à mesure qu'on prend conscience de la véritable ampleur dd nombre d'unités qui le constituent. Quelles unités choisir ? Comment ordonner la progression de le leur apprentissage ? Il est évident que les difficultés seraient moins décourageantes si, au lieu de piocher intuitivement dans l'immense répertoire des d'unités à mémoriser, on disposait de critères permettant de systématiser le choix, en vue d'une programmation plus contrôlée et susceptible de standardisation de la part des professeurs et/ou des auteurs de méthodes et de manuels.

 

En nous basant sur la théorie cognitive de Dobrovol'skij & Piirainen (2005), nous définissons un concept que nous appelons "culturème", terme provenant de la traductologie mais dons nous modifions le sens. Il désigne tout concept agissant dans la langue comme foyer générateur de métaphores à partir d'un symbole extralinguistique préalable (Pamies 2008). Le développement de ce concept dans les recherches théoriques sur la polysémie et la phraséologie, montre qu'il pourrait être un outil efficace pour organiser la représentation des réseaux sémantiques du sens figurés (Pamies 2016). Il s'agirait de placer au centre du problème les associations d'idées qui sous-tendent la production et la compréhension des sens figurés, reliant les extensions conceptuelles à des symbolismes productifs de nature extralinguistique et culturelle, afin d'émuler le fonctionnement du lexique mental des locuteurs/auditeurs natifs, en vue de structurer d'une façon rationnelle le labyrinthe des sens figurés, à la recherche de ce que Jurij Apresjan appelle "polysémie régulière".

 

Mots-clés : culturème, linguo-culturologie, sens figuré, polysémie, métaphore, phraséologie, enseignement des langues étrangères.

 

 

Anne-Charlotte Perrigaud, Université de Bretagne Occidentale, laboratoire HCTI

 

La traduction des expressions figées de l'anglais vers le français.

Le cas des expressions figées anglaises relatives à la cyberdéfense

 

La traduction de textes techniques, d'articles scientifiques, ou encore d'expressions figées est très souvent considérée par les professionnels de la traduction comme problématique dans de nombreux champs du savoir. Le domaine de l'informatique ne fait pas exception à la règle. En effet, dans ce domaine comme dans d'autres domaines scientifiques, ces formulations particulières du discours peuvent faire l'objet de traductions d'une langue à une autre, mais elles mettent généralement le praticien en difficulté. Les traducteurs spécialisés ont développé un certain nombre de stratégies afin de parvenir à traduire malgré tout ces séquences. Cependant, la traduction porte tout de même atteinte à ces parties du discours, soit parce que lors de l'opération de traduction les expressions ont subi des déperditions soit parce qu'en souhaitant les expliciter le traducteur les a « banalisées ». Pour ces raisons, la présente communication est issue de travaux effectués à partir d'un corpus comparable et non à partir d'un corpus parallèle issu de traductions. L'étude de ce corpus comparable composé de cinquante articles de semi-vulgarisation scientifique publiés en France et en Grande Bretagne en 2016, en permettant de décrire de façon détaillée un certain nombre d'expressions figées dans le domaine de la cyberdéfense, a pour but de participer à proposer des solutions de traduction en français aux réalisations discursives qui relèvent de ce phénomène dans le discours cyber en langue anglaise. Nous pensons qu'en décrivant avec précision ces figements dans les deux langues, nous participerons à la garantie d'un meilleur transfert des séquences figées d’une langue à une autre en matière de cyberdéfense, et par extension dans la langue spécialisée de l'informatique dans son ensemble. La présente communication se fonde sur l’étude d'un échantillon de notre corpus. Elle a pour but de mettre à jour différentes pistes qui pourraient être utilisées en didactique de la traduction pour compléter les techniques utilisées par les traducteurs afin de traduire ces séquences figées.

 

Mots-clés : traduction, expressions figées, anglais, français, cyberdéfense

 

 

Florimond Rakotonoelina, Université Paris 3 - Sorbonne nouvelle (EA7345 CLESTHIA)

 

Lecture interactive des textes médiatiques en ligne et usage rénové des dictionnaires électroniques : des discours médiatiques à l’acquisition des collocations en FLE

 

Cette proposition s’insère à la fois dans un cadre théorique pour une analyse du discours et dans une perspective méthodologique liée à la didactique du FLE/S. Il s’agit ainsi de traiter de l’acquisition des collocations à partir d’une lecture interactive des textes médiatiques en ligne, en particulier ceux relevant du genre « article de presse », appréhendés d’un point de vue discursif. Nation (2001, 2008) distingue trois grands types de connaissances lexicales dans l’apprentissage d’une langue étrangère : les connaissances liées à la forme, les connaissances liées au sens et les connaissances liées à l’usage. Les collocations se rangent dans les connaissances liées à l’usage, d’où l’intérêt de les envisager d’un point de vue discursif. Sans aller jusqu’à considérer que tout est idiomatique dans la langue (Haussman 1997), ce qui ne permettrait ni aux enseignants de langue ni aux apprenants de développer des stratégies d’enseignement/apprentissage des collocations, on partira du principe que celles-ci sont avant tout une affaire de « mémoire » et que le rôle de l’enseignant est de permettre à l’apprenant de développer des stratégies d’apprentissage (*CECRL* 2001 : 12) de ces séquences figées. La question mémorielle présuppose que l’acquisition des collocations ne peut se faire que sur la base de leurs fréquences — travail dévolu à la phraséographie (Bárdosi 2014) — mais cela suppose également que l’enseignant doit mettre en place un apprentissage auto-dirigé car, comme le rappelle Ettinger (2014), l’apprentissage des collocations supposant déjà des connaissances solides d’une langue étrangère, c’est donc principalement par l’auto-apprentissage que l’apprenant développera la connaissance de ces figés.

Pour saisir les collocations à partir des discours médiatiques, on propose une méthodologie de recueil des textes en ligne — lesquels seront spécifiquement adaptés à l’apprentissage du vocabulaire et caractérisés par une forte cohésion lexicale — afin de pouvoir envisager, dans un premier temps et à partir d’une lecture interactive (Cicurel 1991, Lindenmeyer Kunze 2012), le sens de l’information du message. Cette forte cohésion lexicale permet, dans un deuxième temps, d’envisager une compréhension détaillée des textes, laquelle passe par le repérage des collocations à travers l’usage interactif et rénové des dictionnaires électroniques — que l’on distingue des dictionnaires informatisés (Courtois et Silberztein 1990). Enfin, dans un dernier et troisième temps, les collocations font l’objet d’une extraction et d’une « formalisation » en langue au sein d’un logiciel de cartes mémoire (« flashcards ») permettant à l’apprenant de référencer les collocations dans leur(s) contexte(s) et d’envisager, par répétition, leur mémorisation. Cette méthode en trois temps vise ainsi à familiariser l’apprenant avec les discours médiatiques par une prise de conscience du caractère collocationnel du genre « article de presse », garante de la compréhension d’une partie du fonctionnement discursif du genre ; de même, elle permet de toujours disposer des contextes dans lesquels les collocations ont été produites.

 

Mots-clés : collocations, vocabulaire, discours médiatiques, lectures, enseignement/apprentissage, français langue étrangère

 

 

Aimeline Rasoanantenaina, Université d'Antsiranana, Madagascar, Laboratoire Langue, langage et Communication

 

Collocations : emploi et analyse prédicative au service de l’enseignement du FLE

 

Les critères qui définissent les contours de la collocation dans les phénomènes phraséologiques restent mitigés. (P.-A. Buvet, 2013 ; S.Mejri, 2008 ; 2011) et cette problématique de définition a un fort impact sur les enjeux applicatifs. Dans les systèmes de traitement du langage, par exemple, une machine éprouverait bien des difficultés à identifier les collocations à cause « des nombreuses façons d’exprimer une même réalité et donc de décrire un même scénario. » (T. Fontenelle, 2003 : 75) : Jean lui force la main. La main lui a été forcée. La main semble lui avoir été un peu forcée. Dans le domaine de la traduction, avoir recours aux informations linguistiques est également nécessaire pour rechercher des équivalents ayant la même relation prédicative, le même contenu informatif et nantis du même degré (ou presque) d’appropriation (I. Sfar 2010). Nombreuses également sont les études qui insistent sur l’importance de la connaissance des collocations dans l’apprentissage d’une langue, entre autres J. Binon et S. Verlinde (2004 : 16) : Lorsqu’on parle de la maîtrise du vocabulaire d’une langue on a souvent tendance à parler en termes quantitatifs et en termes de mots. « Il faut maîtriser autant de mots ». On ne parle pas en termes de nombre d’acceptions ou de combinaisons de mots. (…) Or la connaissance d’un nombre (élevé) de mots isolés ne suffit pas pour bien communiquer. Une des principales difficultés est celle qu’éprouvent les apprenants en situation de production face à certains problèmes lexicaux liés à l’emploi des collocations car pour exprimer ses idées. Aussi, que ce soit dans une perspective d’application du TAL, de la traduction ou de la didactique, il est essentiel de les prendre en compte. De façon plus précise, notre contribution se situe au carrefour entre la linguistique et la didactique afin de répondre aux questions suivantes : au niveau de la réception, de quelles manières les notions d’emploi et d’analyse prédicative participent à la reconnaissance des structures collocatives et sur le plan productif, comment organiser et mobiliser les propriétés linguistiques de manière à favoriser l’ (auto)-apprentissage et développer la compétence en combinatoire lexicale ?

 

Mots-clés : collocations, critères définitoires, analyse prédicative, emploi, FLE.

 

 

Tatjana Samardžija-Grek, Université de Belgrade, Serbie chaire d'études romanes, département de français

 

La présence des unités polylexicales en disant dans les discours institutionnels

 

Nous examinons la co-occurrence de la forme disant – nominalisée ou adjectivée – avec d’autres unités dans différents types de discours institutionnels. À titre d'exemples, on relève, respectivement dans le Rapport 2013 du Conseil national Education Economie (p. 2), et dans le Cahier des charges 2011 du CIEP (Centre International d'Etudes Pédagogiques, p. 20), les formulations suivantes : L’éducation et la formation constituent le plus sûr et le plus puissant des investissements. Si la France veut construire ses avantages compétitifs autrement que par la stratégie du moins-disant sur les coûts, les normes, les droits sociaux et la qualité des produits, elle doit miser sur l’élévation générale du niveau de qualification pour favoriser l’innovation et la montée en gamme de son économie. Il est rappelé que l’évaluation des dossiers de réponse à la consultation se fait en commission. En dernier ressort, le candidat sélectionné sera le mieux disant. D'une manière générale, si les diverses approches de l'institution en discours montrent qu'elles témoignent des usages contemporains de la langue (Oger, 2005 ; Longhi et Sarfati, 2014), on peut envisager avec Oger et Ollivier-Yaniv (2003) les discours institutionnels comme « autorisés, dans un milieu donné », par ce que Maingueneau (1991) appelle pour sa part des « structures exemplaires » et, « plus largement, tout dispositif qui délimite l'exercice de la fonction énonciative ». D'où l'intérêt, tant pour l'enseignement du FLE que pour ceux du FOS et du FOU, pour ces unités polylexicales variablement figées, qui supposent 1) un repérage de leurs propriétés linguistiques, et 2) un recensement précis de leurs différents contextes d'apparition, de sorte à définir les usages ordinaires de ce type de séquence en discours. L'enjeu civilisationnel est d'ailleurs non négligeable, en ceci qu'en rupture quelquefois avec les discours d'autorité (Krieg-Planque, 2012), ceux tenus par les représentants institutionnels témoignent de prises de position avérées sur les travers de la catégorisation (Ratouis, 2003 ; Wald et Leimdorfer, 2004), voire de la stigmatisation sociale (Bulot et Veschambre, 2006 ; Depaule, 2006).

 

Mots-clés : polylexicalité, variation, disant, figement

 

 

Inès Sfar, Université Paris Sorbonne, STIH (EA 4509)

 

Les séquences figées déconcaténées et la structuration de l’énoncé humoristique

 

Les séquences figées se présentent comme des unités polylexicales interprétables dans leur globalité ; ce qui fait de leur signifiant pluriel une suite de mots dont la concaténation tend, selon leur degré de figement, vers la soudure totale ou partielle. Leur apprentissage, de par cette globalité, accompagnée souvent d’une opacité graduée, pose plusieurs problèmes aux apprenants, notamment étrangers. Que dire quand cette concaténation du signifiant est rompue, comme c’est le cas dans les textes humoristiques ? Cette « déconcaténation » exige une double compétence : celle de la maîtrise de la séquence figée d’origine et sa configuration fragmentée dans le discours. C’est pourquoi l’interprétation de ces réalisations discursives passe par au moins trois niveaux :

* celui de la reconnaissance des éléments du puzzle phraséologique qui se cache derrière les fragments ;

* la reconstitution du schème d’origine avec le contenu qui lui est associé ;

* l’intégration de toutes les connotations culturelles qui peuvent lui être associées.

Ces trois étapes seront démontrées à partir d’exemples empruntés aux discours humoristiques, dont nous fournissons l’échantillon suivant :

Ceinture de sécurité Mesdames et messieurs, je ne voudrais pas vous affoler mais des fous, il y en a ! Dans la rue, on en côtoie… Récemment, je rencontre un monsieur. Il portait sa voiture en bandoulière ! Il me dit : * Vous ne savez pas comment on détache cette ceinture ? Je lui dis : * Dites-moi ! Lorsque vous l’avez bouclée, est-ce que vous avez entendu un petit déclic ? Il me dit : * Oui, dans ma tête ! Je me dis : « Ce type, il est fou à lier ! » J’ai eu envie de le ceinturer… Mais quand j’ai vu que sa ceinture était noire… Je l’ai bouclée !! [R. Devos, Matière à rire, L’intégrale, Libraire Plon, p. 40]

Mots clés : Concaténation, séquences figées, opacité, enseignement-apprentissage, humour, discours

 

Marko Vidak, Université de Bretagne Occidentale, laboratoire HCTI

 

Le rôle du figement dans le discours politique

 

Les séquences figées constituent une des principales richesses de la langue car elles « représentent [sa] mémoire » (Mejri, 2005) et véhiculent en grande partie les aspects socioculturel et historique d’une langue et d’une culture, d’une identité collective. Elles représentent un pan du lexique bien plus important que l’ensemble des unités monolexicales. Elles montrent une richesse, une diversité et un niveau de complexité particulièrement élevés. Elles sont présentes dans tous les discours et choisies en fonction du type du discours. Les séquences figées font partie intégrante du discours politique à tous les niveaux, du discours technocrate au discours des campagnes électorales en passant par toutes ses variétés. Leur usage relève à la fois des tics de langage, des habitudes discursives, des conventions et des contraintes, mais aussi des dispositions personnelles de chacun des orateurs et surtout des objectifs recherchés. L’usage des séquences figées dans le discours politique peut servir à la construction des identités, aussi bien du politique lui-même que de celle du public à qui il s’adresse. Cependant, il peut également servir un objectif moins transparent.

Nous entendons ici par séquence figée (SF) toute séquence polylexicale (Mejri, 1999) dont le figement est accompli ou en voie d’accomplissement (Mejri, 2005) et dont le sens a commencé à perdre de sa compositionnalité et donc de sa transparence (Mejri, 2003). L’expression SF recouvre ainsi l’ensemble des faits linguistiques traditionnellement désignés par des termes comme locution (figée), expression (figée), phrasème, idiotisme, collocation, proverbe etc. (Gross, 1996; Mejri, 2008, 2011; Mel’čuk, 2003, 2011).

Cette communication a pour objectif d’examiner les différents usages des séquences figées dans les discours politiques et d’évaluer leurs rôles afin d’explorer leur potentiel et leur efficacité. Nous nous appuierons sur les discours des candidats pendant les périodes électorales, mais également sur les exemples de discours politiques dans les débats et les émissions politiques télévisés.

 

Mots-clés : figement, expressions, discours politique, efficacité, identité.

 

 

Lichao Zhu, Université Paris 13, EA7338, Laboratoire Pléiade

 

Chengyu : aspects culturel et didactique

 

Le Chengyu, « propos figé », est un type d’expression idiomatique propre à la langue chinoise. Quadridéogrammiques et rimiques, nombre de chengyu cristallisent un récit historique, un texte religieux, un texte ancien, une loi ancienne, une philosophie, etc (Li, 1994 ; Mo, 2000). Le chengyu est en conséquence un réceptacle de la culture chinoise, à l’instar de : ∞ 叶公好龙 ; yè gōng hào lóng ; Sens mot-à-mot : Yè, seigneur, aimer, dragon ; Ce chengyu est en fait un résumé en quatre idéogrammes d’un récit dans Xin Xu (新序) qui fut écrit en l'an 6 av. J.-C : le Seigneur Ye prétendit adorer les objets ayant un rapport avec le dragon, mais il fut effrayé et s’enfuit, lorsqu’il vit pour la première fois un dragon authentique. Ce chengyu décrit des personnes prétendant aimer quelque chose alors qu’ils en ont peur. Il s'agit d'un figement absolu : la mise en rapport de son signifiant avec son signifié est assurée par la culture. L’utilisation des chengyu est un critère d’appréciation stylistique important, mais qui pose un grand défi aux apprenants du chinois aux niveaux intermédiaire et avancé. Des études montrent que la structure interne, les nature et fonction grammaticales, le contexte d’insertion sont des éléments difficiles à appréhender pour les apprenants (Hong, 2003 ; Zhang, 2006 ; Pan, 2006). En revanche, aucune étude systémique n’a été proposée. Nous proposons une approche linguistique et culturelle pour cerner la problématique de la didactique du chengyu, à l’aune des méthodes pratiquées en Europe (Demougin, 2008 ; Puren, 1994). Une typologie des chengyu sera proposée pour les décrire et pour définir leurs degrés culturels. Des rapprochements avec d'autres formes figées dans d'autres langues sont envisagées (en français et en arabe), cf. projet Campus France - Chine Découverte : « Chengyu ».

 

Mots-clés : chengdu, phraséologie chinoise, charge culturelle, didactique, typologie

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